Les Bienheureux Martyrs de 1792. 




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ASSOCIATION DU SOUVENIR DES MARTYRS DE SEPTEMBRE 1792
Association loi 1901 et catholique de droit canonique
70 rue de Vaugirard 75.006 PARIS



En 1926, 3 évêques, 183 prêtres et religieux et 5 laïcs, morts pour leur fidélité à leur foi et au Siège Apostolique, les 2 et 3 septembre 1792 (aux Carmes, à l'Abbaye, à Saint-Firmin et à La Force), étaient proclamés Bienheureux.

En 1789, année du début de la Révolution française, le catholicisme était la religion officielle de l'État français. L'Église catholique française, connue sous le nom d'Église gallicane, reconnaissait l'autorité du pape à la tête de l'Église catholique romaine, mais avait négocié certaines libertés qui privilégiaient l'autorité du monarque français, lui conférant une identité nationale distincte caractérisée par une autonomie considérable. La population de 28 millions d'habitants en France est presque entièrement catholique, la pleine appartenance à l'État étant refusée aux minorités protestantes et juives. Être français signifiait effectivement être catholique. Pourtant, en 1794, les églises et les ordres religieux de France ont été fermés et le culte religieux supprimé. Comment en est-on arrivé là? Qu'est-ce que les révolutionnaires espéraient accomplir? Et pourquoi Napoléon a-t-il décidé de renverser la situation?

Le déclin du catholicisme?

Les historiens sont divisés sur la force du catholicisme à la fin du XVIIIe siècle en France. Certains suggèrent qu'elle était encore florissante après les efforts du Concile de Trente (1545-1563) pour réformer et revitaliser l'Église, comme en témoignent son clergé bien éduqué, ses ordres religieux nombreux et variés et ses formes de culte renouvelées. D'autres retracent une période de déclin, avec une diminution faible mais notable de l'observance religieuse dans les décennies précédant la Révolution. Les études régionales sur les croyances et pratiques religieuses révèlent des différences importantes entre la France urbaine et la province, entre les élites et le reste de la population, et, dans une moindre mesure, entre les hommes et les femmes. Ce qui est clair, cependant, c'est que l'Église du XVIIIe siècle était de plus en plus critiquée par les philosophes, les intellectuels des Lumières qui remettaient systématiquement en question tous les aspects du gouvernement et de la société français.

La quête des Lumières pour promouvoir la raison comme fondement de la légitimité et du progrès a été peu louable dans l'Église. Alors que les philosophes appréciaient la valeur de la religion dans la promotion de l'ordre moral et social, l'Église elle-même était condamnée pour son pouvoir et son influence. Le scandale entourant le mouvement théologique de division du jansénisme, exacerbé par le traitement brutal de ses disciples au début du siècle, a fourni une raison pour attaquer l'autorité de l'Église et ses liens étroits avec la monarchie. Le manque de tolérance de la France à l'égard des minorités religieuses en a fourni un autre. Bien que la philosophe Voltaire ait réussi à faire l'éloge des jeunes religieuses qui consacraient leur vie à soigner les malades et les pauvres, le clergé était considéré comme moins utile. L’écrivain Louis-Sébastien Mercier se plaignait en 1782 que Paris était plein de prêtres et de clercs tonsurés qui ne servent ni l’église ni l’État et qui ne s’occupaient que de questions inutiles et insignifiantes.

La critique visait spécifiquement les monastères où les moines et les nonnes passaient leurs journées à prier, à la grande colère des philosophes qui pensaient qu'ils devraient plutôt se reproduire pour le bien de la nation. Les vœux solennels prononcés par ces hommes et ces femmes, les liant à l'état religieux à vie, ont également suscité des inquiétudes quant à la liberté individuelle. Denis Diderot a dénoncé la nature perpétuelle de ces vœux, mettant en garde contre les décisions prises trop jeunes dans la vie et, dans son roman La Religieuse, évoquant le spectre d'une jeune femme forcée d'être religieuse contre sa volonté. Bien que la plupart des philosophes promeuvent la réforme plutôt que la destruction, leurs commentaires encouragent un anticléricalisme croissant dont la méchanceté est aiguisée par le ressentiment de la richesse de l'Église.

Chargée de l’administration financière de l’Église, l’Assemblée en a profité pour la réorganiser. Le 12 juillet 1790, l'Assemblée a approuvé la Constitution civile du clergé, constitution dont le nom même reflétait le nouveau contrôle de l'État sur les affaires de l'Église. Parmi les réformes de la constitution, les diocèses ont été redessinés conformément aux divisions administratives de l’État, le clergé devait être payé par l’État selon un nouveau barème des salaires et les prêtres et les évêques devaient être élus par les citoyens. Le refus du pape d’approuver la Constitution, ainsi que les critiques croissantes des membres conservateurs de l’Assemblée, ont commencé à mettre en doute le soutien de l’Église. Afin de résoudre le problème, l'Assemblée a décrété le 27 novembre 1790 que tout membre du clergé devait prêter publiquement serment de fidélité à la Constitution ou renoncer à son salaire et à son poste.

La déclaration de guerre de la France à l'Autriche le 20 avril 1792 et ses premières pertes jettent un soupçon supplémentaire sur le clergé réfractaire et ses partisans, désormais soupçonnés de comploter avec l'ennemi. La chute de la monarchie le 10 août a donné un nouvel élan à la destruction de tout ce qui touche à l'ancien régime. L'Assemblée a supprimé tous les ordres religieux restants, y compris les écoles et les hôpitaux, et a ordonné aux non-jurés restants de partir ou d'être arrêtés et expulsés. L'inquiétude a culminé le 2 septembre lorsque la nouvelle est arrivée que la ville-forteresse de Verdun près de Paris était tombée aux mains des forces alliées prussiennes. Les Parisiens, imaginant que des contre-révolutionnaires emprisonnés s'apprêtaient à faire irruption et à rejoindre l'ennemi, ont rendu leur propre justice préventive lorsqu'ils sont descendus dans les prisons de la ville et, pendant plusieurs jours, ont abattu plus de 1200 prisonniers considérés comme les rebuts. Les massacres de septembre ont mis en évidence la méfiance qui empêcherait tout compromis entre l'Église et la nouvelle République proclamée le 22 septembre 1792.